Oh Père, dois-je continuer à T’appeler ainsi ?

Toi qui es en toute chose, Tes représentations humaines ont parfois créé du patriarcat, de la coupure, du jugement, de l’infériorité et de la non-collaboration avec la nature. Ces représentations de Toi ne sont plus vivantes. Toi qui es au centre de la diversité heureuse. Tu as créé par elle et pour elle.

Où es-Tu ? Comment parler de Toi qui es en amont de tout langage ?

Je devrais te vouvoyer par déférence, mais cela Te laisserait encore à l’extérieur. Le tutoiement signe le respect que Tu es en moi. Comme un « Je serai » qui pousse à l’égalité, sans quoi Ta création n’aurait pas de sens. L’égalité diversifiée heureuse, respectueuse, complément-terre. Folie bienfaisante qui traverse tout. Te chanter par chacun de nos noms ouverts à la relation, est la seule façon de célébrer le Tien.

Tu as voulu que nous devenions sujets. Pas tes sujets assujettis. Bien que nous soyons Ta fille ou Ton fils, Tu es la fin du transfert. Libération inouïe bouleversant la pensée humaine.

L’inévitable dualité est là pour que nous sortions de la dépendance extérieure à tout autre tout en nous enrichissant de lui. Te ressentir dedans, comme une alliance, crée de la conscience. « Je serai » advient et nous fait oublier les fausses promesses de l’histoire.

Renoncer à être comblé ou réparé par l’autre, sauf urgence, me met en responsabilité... de ce « Je serai » que Tu as confié à Ta création.

Je T’aime. Et comme cela ne m’assujettit pas, je le répète pour amplifier l’affection.

L’amour comme un mélange où l’origine est en même temps source de baumes et cadre de conscience. Je n’ose dire Père-Mère ou féminité-masculin, car ce serait sûrement T’enfermer encore dans des représentations trop limitées.

« Je serai », distinct pour chacun. Adapté. Adopté.

« Je serai » où tous Tes possibles échangent et se découvrent dans leurs diversités. Tu as créé une musique. Ta musique. Tu as créé des visages, Tes visages. Tu as créé et donné. Et pour ouvrir des relations en altérité, Toi, l’origine, Tu t’es ouverte et a posé Ton ouverture en devenir.

Je vais faire en sorte, Oh Amour, d’intégrer ces quelques bribes que j’ai cru comprendre.

Georges Didier